Réflexions et perspectives concernant les conditions nécessaires
De la civilisation à l’humanisation : l’actuelle révolution conceptuelle*
Wolfgang Fischer traduction de l'anglais vers le français par Delphine Jégouzo, Translations For Progress
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Préface : impact et signification profonde des mots Pour soutenir l’émergence d’une humanité pacifique, la précision est plus que jamais nécessaire. Utiliser avec précision des concepts ou des termes tels que patriarcat, matriarcat, anarchie ou acracie réduit les risques de confusion et ouvre des perspectives débarrassées de toute ambiguïté. Il n’est pas de meilleur exemple à mon sens que celui du mot anarchie. Sa signification, profondément ancrée dans notre subconscient collectif, nous évoque des images de chaos incontrôlé avec pour seul espoir la restauration de l’ordre par un dirigeant représentant un pouvoir central. De ce postulat découlent de nombreuses formes de pouvoir connues du genre humain : le patriarcat, la hiérarchie, la monarchie, etc. Ce fait est largement accepté et s’est imposé comme un chemin tout tracé, légitimé par son intégration dans les dictionnaires et encyclopédies. Mais une analyse étymologique et historique plus approfondie de l’origine de ce mot apporte un tout nouvel éclairage sur sa signification véritable. Le mot anarchie n’a pas pour racine "archos" (ἀρχός), signifiant chef/dirigeant, mais "arché" (ἀρχή), qui signifie origine, commencement, matrice, principe.
Apprendre à comprendre les racines de la crise actuelle de l’humanité Il est indispensable de comprendre profondément la crise actuelle de l’humanité et ses racines pour la surmonter à l’aide des meilleures stratégies à notre disposition. Une analyse profonde des doctrines capitalistes et communistes nous montre que malgré leurs efforts pour se discréditer l’une et l’autre dans un conflit idéologique interminable et coûteux, elles constituent en réalité les instruments d’un même système patriarcal qui a étendu et perpétué son action contre nature jusqu’à aujourd’hui. Ce fait n’ayant pas été suffisamment étudié par les sciences prédominantes, une discussion interdisciplinaire plus large est vitale pour trouver des issues à la menace d’auto-extinction du genre humain.(1) Cette fois, il est essentiel de dresser un tableau complet de la situation car les effets du mode de vie de la civilisation prédominante menacent les fondements mêmes de la vie. Pour cela, il nous faut absolument dépasser et rompre complètement les dogmes idéologiques et religieux qui ont limité notre réflexion à travers l’histoire humaine. Libérer nos esprits des conceptions mentales exclusivement intéressées laissera libre cours à de nouvelles visions du monde authentiques capables de mettre nos capacités, notre volonté et notre action au service de la convivialité créative dont l’humanité rêve depuis si longtemps.
Rendre toujours plus aride
Quels sont les idées et les types de comportement qui jusqu’à présent rendent impossible la paix mondiale? Tant que l’égoïsme, le nationalisme et d’autres conceptions égocentriques génératrices de division prévaudront, la mise en esclavage des habitants de ces carcans mentaux continuera d’en être la conséquence directe. Un des corollaires de ceci est la perturbation des équilibres naturels et créatifs par un schéma d’exploitation typique des systèmes patriarcaux, et plus récemment capitalistes et socialistes. Le soi-disant "projet démocratique de liberté" de ces systèmes de croyance est en contradiction évidente avec lui-même, dans la mesure où les principaux organes, les élites cléricales et politiques, adoptent un comportement parasitaire qui consiste à tirer des profits indéfinis d’une doctrine directive. Dans ce jeu de dupes, les individus acceptent de mettre leurs propres esprits en esclavage. Plus besoin de surveillants d’esclaves, comme l’avait déjà dit Kurt Tucholsky, pour faire avancer les sociétés mondiales dans leur marche commune vers la destruction. Ces doctrines se sont profondément ancrées, grâce à une tradition millénaire, dans l’esprit humain sous la forme de préconceptions élémentaires, telles que la croyance que la nature est cruelle et les gens sont mauvais ; "le mal et le bien" sont présents dans la nature ; les guerres ont toujours existé et existeront toujours ; il faut se battre chacun pour soi; la femme est soumise à l'homme, etc.(2)(7) Ces notions, partout sur la planète, sont des conceptions courantes aujourd’hui, elles révèlent un fondamentalisme obsolète qui est l’expression d’une maturité humaine encore déficiente et de son impact nocif sur les chances de survie de l’humanité. La nature ne commet pas d’homicides ; la société humaine, dans son aspect violent, est encline à succomber à la tentation de l’homicide au nom d’intérêts secondaires tels que la richesse ou le pouvoir. Le cynisme est lui aussi une invention humaine. La supposée cruauté de la nature n’est rien d’autre qu’une interprétation erronée d’un ordre créateur qui défend le bien-être de la planète dans sa globalité, et au-delà. Depuis les origines, la vie entière aurait été condamnée à l’extinction si certains des éléments de la nature n’avaient pas été génétiquement ou instinctivement programmés pour respecter les lois inhérentes qui préservent les équilibres naturels et ont conduit l’évolution à atteindre un pic préliminaire avec la rupture de ces équilibres naturels. Nous devons accepter le fait que cette rupture a pour cause une dichotomie dangereuse qui est une conséquence directe de l’émergence, puis de la prédominance de sociétés violentes et agitées.(3) Par opposition, les communautés indigènes non violentes du monde entier nous démontrent aujourd’hui encore leur compréhension profonde et solide de la nature. Avant d'être massacrés par la "civilisation" fondée sur le modèle patriarcal (peu nombreux sont ceux qui ont survécu), quels que soient la période ou le lieu, ils lancent un même avertissement : le mode de vie de "l'homme blanc" met en danger sa propre existence. Enracinés dans la solidarité entre tous les êtres et un sentiment d'empathie très profond, ils ont toujours été capables de discerner la douleur de la joie véritable, les réalités de la vie en autarcie des illusions de la consommation à outrance, la destruction de la créativité. C’est pourquoi par nature, ils préfèrent rejeter le progrès technique et ses dangers, aussi impressionnant soit-il, au profit des modes de vie naturels. Ils préfèrent apprendre de la nature "par un flux d’informations souple et ascendant" et cherchent à imiter la nature plutôt que de la détruire.(4) On ne peut plus nier que la crise actuelle de la civilisation moderne n’est que la conséquence de son caractère aberrant, dû à un mode de vie cannibale et destructeur, d’un niveau personnel au comportement des groupes sociaux et états nations.
Lorsque l’Homme cesse de se laisser guider par son esprit intérieur,
Pourquoi l’humanité s’est-elle autant rapprochée du gouffre de l’extinction ?
En ce qui concerne le christianisme tout particulièrement, un autre mode de pensée faussé, la notion de "péché originel", mérite une étude plus approfondie en raison de ses conséquences (auto-)destructrices.
Pour illustrer ma thèse, j'ai choisi de décrire deux manières différentes d'exploiter l’un des cadeaux de la vie, les fruits de l'arbre de connaissance. La première approche consiste à rompre, de manière irresponsable et délibérée, avec la nature et la solidarité de tous les êtres jusqu'aux abîmes apocalyptiques d’un déclin social, écologique et spirituel. La seconde approche, par une interaction constante et sensible entre l'être et la conscience dans le respect de l'ordre naturel, participe activement à un développement durable et harmonieux.
Aussi écrasante cette majorité d'individus soit elle
L'approche pervertie Tout ordre social qui repose sur la domination et la subordination agit à l’encontre d’une organisation de l’évolution naturelle, créative, chaotique et diversificatrice. De tels ordres obtiennent un progrès par la menace de sanctions et l’utilisation réelle de la violence, d'une part, et par la promesse d’une liberté illimitée illusoire, d’autre part. Ce type de progrès est inspiré par des concepts humains imparfaits essentiellement façonnés par le patriarcat. Ce type de progrès prospère par l’obstruction et le détournement de la vitalité (le flux d’énergie vitale) et par la destruction de la diversité naturelle et de l’intégrité et de l’unité cosmiques, menaçant ainsi ses propres piliers, les équilibres universels des polarités dynamiques et complémentaires.(5) Au fil de milliers d’années, le soutien violent des ordres hiérarchiques dominants a solidifié les systèmes de croyance au pouvoir, les rendant intrinsèques à la société humaine de telle sorte que, malgré les mouvements d’émancipation et d’instruction qui ont jalonné l’Histoire, ils continuent d'être considérés par un trop grand nombre de personnes comme un statu quo éternel : sans alternative, normal et prétendument naturel. L’obstruction et la destruction de l’ordre naturel sous-jacent sont complètement ignorées par bon nombre d’individus, voire approuvées par d’autres. Les processus d’apprentissage, prévus par la nature pour faire prendre conscience d’une réalité authentique, sont falsifiés dans l’intérêt de la perpétuation de l’ordre en place, tandis que l’art du frelatage est présenté comme une politique progressiste. On méprise et on sacrifie la recherche du bien-être global dans la quête décomplexée de toute ressource humaine et naturelle à notre portée, au prix de résultats et de désagréments disproportionnés. Le temps, aussi bien que toute autre alternative, sont effacés. J’insiste sur le fait qu’une prise de conscience de l’urgence et de la dimension écrasante du désarroi général causé par ce mode de vie nocif donne à tout moment aux personnes qui y sont sensibles des raisons d’enfreindre les lois et les traditions hostiles à la vie. Comme chaque fois, marqués par le caractère répétitif de l’Histoire, les individus qui s’opposent aux dangereuses illusions des ordres dominants et qui n’acceptent pas de trahir la vie ou la nature sont persécutés. Or, si leurs saines tentatives de rejet n’aboutissent pas d’ici le moment où cet état de désarroi aura atteint son paroxysme, il ne fait aucun doute que l’humanité disparaîtra.
Bien que l’absorption de chair ou de sang humain, quelles qu’en soient les modalités,
Le recours : l'approche naturelle, l'évolution de l'être L’autre solution suppose que les gains individuels tirés des fruits de l’arbre de connaissance se transforment en biens collectifs, sous l'effet de la volonté pure de survivre et de l'amour naturel de la vie, tous deux capables de préserver le bien-être de l'environnement terrestre : le Jardin d’Eden. La douleur et la joie sont considérées comme des forces qui nous guident efficacement, conjointement au processus d’apprentissage naturel, vers une orientation claire grâce à des représentations conceptuelles authentiques(6); en l’absence d’intérêts étrangers, le libre flux d’informations vers les zones réceptives du cerveau en phase de maturation échappe à l'obstruction ou à la falsification. Plus on fait l’expérience de cette absence de falsification et de restriction tôt dans sa vie, plus on est en mesure d’apprendre les leçons de la vie de manière sensible et ascendante à de très faibles niveaux de souffrance et de destruction.(7) La vie est orientée, toujours de manière flexible, vers le respect du caractère intact du tout. En privilégiant constamment la survie de toute chose, on préserve le développement naturel séquentiel et la diversification de la vie, ses possibilités, ses capacités et ses fruits dans l’abondance du Jardin d’Eden. L’émergence globale, l’assurance et la célébration d’une vraie religion, constituée dans sa forme la plus pure par la culture humaine et naturelle, ne sont possibles que si on parvient à considérer son essence, sa richesse de sens et son objectif. Pour survivre, l'humanité doit adopter une culture planétaire capable de perpétuer les traditions indigènes par la mise en avant d’un comportement écologique et social protecteur de l’environnement. Etant donné que l’espèce humaine, contrairement aux règnes végétal et animal, n’a pas été dotée par la génétique ou l’instinct d’un comportement dédié à la préservation de la vie, les êtres humains doivent apprendre à adopter le comportement qui garantira leur survie. C’est pourquoi une rééducation comportementale est une nécessité absolue. Il s’agirait d’une deuxième renaissance. La création d’une culture mondiale qui perpétue la tradition de la créativité génétique tout en préservant les principes démiurgiques dont elle se nourrit. Cette culture représente l’antithèse même du mode de vie libéral consommateur et destructeur d’aujourd’hui, mortellement célébré sous le nom de mondialisation.
Quels sont les pré-requis mentaux indispensables au rétablissement de la viabilité de la vie ? Constitution sociale, écologique et spirituelle de l’être naturel Dans la nature, tous les éléments du cercle de la vie semblent cohabiter de manière harmonieuse. La nature est organisée de manière parfaite et se développe en fonction de sa totalité créatrice inhérente. L’ensemble du cosmos est relié pour son bien-être propre. La qualité créative de cette condition vitale, d’une part, matérialise la diversification croissante des structures physiques et des organismes au sein du monde extérieur et, d’autre part, réalise des possibilités et capacités de développement responsable constamment reflétées au sein du monde spirituel intérieur et donc, par une expérience authentique, confirme ou infirme leur viabilité dans l’existence, l’interaction et l’union des deux mondes. Ce mode de vie parvient à trouver le juste milieu. Seul le libre arbitre des humains ajoute des impondérables à ce contexte et peut menacer la vie de destruction(8) Dans la réalité socio-politique, très largement façonnée par l’histoire du patriarcat, l’amour de la vie est le seul outil qui peut conduire à une transformation de cette réalité cynique en une toute autre réalité, déterminée par les besoins du moment. Cette transformation va dans le sens d’une humanité vraie ; il s’agit d’une émancipation qui conduit à une humanisation du niveau local, en bas, au niveau mondial, en haut. Au-delà de l’approche des théories politiques dépassées, ne remettant pas en cause la domination en tant que telle et uniquement intéressées par leur propre profit, et des postulats religieux, qui dans leur déni du caractère divin de chaque individu compromettent la vie, je propose une méthode qui commence par une analyse approfondie du psychisme humain. Dans cette perspective, nous devons commencer par nous poser une question importante : quelles sont les conditions et relations mystérieuses qui, au lieu de nous faire prendre conscience de la possibilité d'un paradis sur terre et de notre responsabilité vis-à-vis de ce paradis, préfèrent en appeler à la propension de l’être humain à créer d’insupportables réalités ? Il me semble évident que ces conditions sont toutes les orientations culturelles et spirituelles que nous subissons sous l'influence de facteurs naturels (climat, géologie, cosmos) (3) et que nous créons par toutes sortes de facteurs humains (intention, libre arbitre) qui sont à la base du développement de l'individu tout comme des sociétés. Si dans le plus heureux des cas, ce développement se produit dans le cadre d’une orientation authentique vers la nature et ses lois (avec pour objectif un processus d’apprentissage qui dure toute la vie et une volonté chez l’individu de trouver sa place dans la réalité cosmique), ces conditions de base demeurent bénéfiques à la nature. Elles sont matriarcales, indigènes, divines, créatives, coopératives, complètes et saines, dédiées et limitées à la vie. Cette vie est une liturgie, une service public - "minka" dans la culture andine - faite de gloire et d’abondance. L’autre cas substitue à cette approche heureuse des orientations relevant de la contrainte et du dressage qui président à la poursuite d’objectifs illusoires et d’hypothèses au nom desquelles sont sacrifiées la nature, la diversité et l’intégrité ; de directives métaphysiques censées dépasser les contraintes physiques (marcher sur l’eau, l’enfantement d’une vierge), toutes niant l’existence d’un ordre cosmique et présupposant ou élaborant des ordres arbitraires. Ces ordres, dans lesquels prennent racine les civilisations violentes, favorisent généralement un petit groupe aux dépens de tous les autres. Ils sont contre nature, méprisants de la vie, parasites, porteurs de division et dédiés à la destruction. Ces conditions mènent de toute évidence à une dégénérescence de la vie : en raison des illusions ainsi engendrées, la gloire et l’abondance de la vie deviennent par alchimie perversité et pénurie.(9) Que tous les individus conscients de l’ordre créatif sous-jacent se lèvent et participent à la création de conditions culturelles dédiées à la survie. Nous devons lever le voile et dissiper l'obscurité pesant sur ces philosophies biaisées et insuffisantes de la vie, sur ces compréhensions de la religion, de la politique, de l’idéologie, de la conception de l’homme qui ignorent la culture régissant la société depuis la nuit des temps et qui servira également les générations futures.
Dès l’enfance La paix sur terre est un objectif atteignable à la seule condition que les sociétés cessent de briser les enfants et se penchent sur leur inadaptation la plus grave : l’atrophie systématique de leur petite enfance. La manière dont ces êtres extrêmement sensibles sont dressés pour ne plus ressentir de joie et taire leur douleur, entravant ce qui devrait être une leçon au sein d’un processus d’apprentissage authentique, est en effet une pratique violente et dépassée. Ils n’apprennent pas les deux facettes de cette expérience : la satisfaction apportée par le choix de la sécurité et le véritable prix de l’erreur. Il est reconnu que pendant la première phase de son développement (de 0 à 3 ans), les parents, la société, la culture par le biais de modèles éducatifs ascendants doivent s’assurer que l’enfant ne développe pas les caractéristiques d’une personne adulte inconsciente et sans défense victime des représentations descendantes réificationnelles malhonnêtes des traditions autoritaristes.(6) Aussi longtemps que les enfants seront modelés pour sacrifier la vie au profit d’intérêts secondaires, ils n’expérimenteront jamais la loyauté et le sens de la responsabilité de l’homme mûr. C’est à ce stade précis que l’humanisation de la société, l’empathie, la solidarité et la paix sont rendus impossibles. C’est pourquoi les cultures créatives considèrent de la plus haute importance le fait de donner aux enfants l’espace et l’opportunité de vivre dans une atmosphère exempte de toute peur ou de toute méfiance. L’esprit de chaque enfant garde son ouverture et sa sensibilité sous l’action d’une curiosité innocente de telle sorte que par une expérimentation libre, il puisse se concentrer sur une maturation autonome au sein de la matrice de la vie. Les processus d’assimilation neuronale respectifs sont associés aux processus relaxants et régénérants du rêve et du repos. C’est pourquoi un sommeil régulier n’a rien d’extravagant. Au contraire, il est essentiel au bon développement, qui repose tout naturellement sur un alignement avec l’expérience créative de l’évolution. L’adaptation individuelle à une signification et à une créativité globales est le sens vital qui met l’accent sur l’importance de la méditation et des autres méthodes et rituels permettant d’entrer en transe. La conjonction ultime des capacités du coeur et du cerveau chez l’enfant qui grandit, de manière cohérente, graduelle et ludique, doit évoluer vers une conscience authentique, empathique et équilibrée en même temps que le pouvoir d’aimer les autres et de s’aimer soi-même. Par l’apprentissage, la compréhension et la transcendance de la réalité, comme il en va de ses multiples facettes intérieures et extérieures, la résonance entre raison et sensation émerge et fait place à l’intelligence émotionnelle(10) et à une responsabilité totale, en confrontation directe avec la lumière divine des forces créatives de l’univers.(11)
La diversité devient harmonie par résonance Nous, l'espèce humaine, récoltons enfin les conséquences des actions qui, comme nous l’avons démontré dans cette analyse, résultent de la désorientation élémentaire et radicale révélée par les conceptions et projets sociaux prédominants : la croissance exponentielle de la richesse et son caractère illusoire et fétichiste ; l'emprisonnement dans les tiraillements entre bien et mal (le champ de bataille de Kuruksetra dans la littérature védique) et enfin, notre engloutissement dans le cercle vicieux d’un cauchemar mondial. Ce pourrait être la vision la plus effrayante jamais connue par l’espèce humaine, à moins que nous trouvions les solutions en faisant évoluer notre comportement vers plus de dignité et de respect de la vie, afin de nous épargner perte et destruction tout en préparant un nouveau départ pour les générations futures. En recherchant un maximum d’authenticité et de cohérence dans la réalité universelle de l’Être, nous créons des chances de résonance et d’alignement avec les forces créatives de l’univers. Une fois reconnectés aux esprits créatifs, nous retrouverons le chemin d'un avenir meilleur en association avec le reste de la nature, qui, par programmation génétique, n'a jamais cessé de suivre cette voie. Le don particulier de l’humanité, notre libre arbitre, sera enfin équilibré et encadré par une culture créative fidèle à la tradition de la créativité génétique. Répandues à l’échelle globale, ces cultures ont un effet salutaire ; elles apportent raison et équilibre en perpétuant la sécurité à la manière de la nature.(14)
Une fois reconnectés mentalement à l’Esprit de la vie,
Un nombre croissant d’individus issus de toutes sortes d'univers sociaux se consacrent à cet objectif qui constitue le processus d’émancipation de l'humanisation. Dans la vie de tous les jours, cela implique également une confrontation avec la montagne de culpabilité, nocive et destructrice, qui, comme illustrée ci-dessus, a été accumulée à travers l’Histoire, principalement par les "hommes blancs", et qui ne peut plus être ignorée sans entraîner des conséquences encore plus destructrices pour l’environnement social et écologique. Cette montagne de culpabilité, symbole omniprésent des innombrables faits et conditions créés par l’homme, doit être reconnue, transcendée et éliminée afin de pouvoir concrétiser une vision de la vie telle qu’elle devrait être, une société pacifique, la convivialité globale et ce qui doit être fait pour en faire une réalité. Cette vision dépasse la modernité nihiliste et démasque ses fondements ignorants, criminels, obscènes et suicidaires.
Que devons-nous faire ? Partant d’une compréhension intégrale et d’une reconnaissance de cette représentation exacte du passé et du présent, nous clarifions la perspective d’un espace terrestre de ressources communes globales, le paradis mentionné dans la bible. C’est ainsi que peut s’exprimer une montée de la honte et une volonté de compenser, et pas seulement un regret même du côté des malfaiteurs. D’une véritable compensation naît ensuite le désir de réconciliation et de pardon du côté des victimes et des désavantagés, une autre condition prérequise pour vaincre le désir de revanche des désespérés par la situation nouvellement créée, qui développe la confiance et répand l’espoir. De cette vision et de cette compréhension naît la Force de la transformation et de la guérison générales. L’Histoire montre que des individus et des communautés, sur la durée de leur existence, au cours du processus d'apprentissage et de maturation, ont développé le pouvoir d’aimer dans le cadre de leurs cultures créatives respectives. Il est grand temps à présent de laisser ce pouvoir se développer dans toutes les cultures de l’humanité. Si l’humanité souhaite faire grandir ses enfants dans un contexte harmonieux, le monde des adultes doit se préparer à abandonner la violence et à compenser entièrement l’injustice sociale et les déséquilibres écologiques afin de préparer la voie menant à une vraie réconciliation au sein de la famille globale et de la nature. Les relations de résonnance sont ici caractérisées par une écoute active et un dialogue empathique entre les individus et par la mise en pratique d’actes dont la nature respectueuse devient la règle plutôt que l’exception. Contrairement au slogan malhonnête des élites qui gouvernent le monde selon lequel il n’existe pas d'alternative, des modes d’organisation sociale complètement différents vont naître de ces conditions et permettront à la dimension sociale de s’aligner sur le contexte naturel, sa diversité, sa joie et son abondance, permettant aux humains partout et à tout moment de mener des vies utiles, en toute sécurité et de manière harmonieuse. Au-delà du patriarcat, du capitalisme et de la modernité, il existe et il existera toujours la possibilité d’une existence splendide ! Nous pouvons faire le choix de Sumac Kausay et des ressources communes globales !(15) Qu’attendons-nous pour le faire ?
"Vasudhaiv Kutumbakam"
Epilogue: des liens et des attaches libérateurs Nous savons tous trop bien comment les "empires" préservent leur unité par l’usage de la violence. Nous connaissons bien également aujourd’hui les conséquences dévastatrices à long terme de ces modes d’organisation sociale basés sur la violence. Pourtant, seule une poignée d’individus ne parviennent ne serait-ce qu’à imaginer la possibilité d’une meilleure cohésion sociale, sans violence, sans état, sans la condescendance et tous les moyens secondaires d’exercer un pouvoir, qu'ils soient mis en oeuvre dans un système démocratique ou tyrannique. L’aliénation qui en résulte reste la même. Les individus oublient leurs racines naturelles et les modes de vie fondés sur l’autonomie et deviennent dépendants des conditions du système. Un autre symptôme d’aliénation important apparaît lorsque les individus cèdent aux écueils de l’individualisme. L’individualisme moderne est célébré de manière si excessive que la plupart des individus ne se rendent pas compte que la solitude en est la conséquence fatale. L’individualisme moderne, axé sur l’égoïsme, s’oppose clairement aux qualités d’une individualité autonome qui reconnaît son interdépendance au sein du cosmos et participe à sa diversité. Trop de personnes ne sont pas conscientes du conflit évident qui existe entre un individualisme à qui on donne la priorité à tort et la triste conformité et la monotonie du mode de vie dominant tel qu’il est présenté par les voies médiatiques du système. Ennui et frustration nourrissent l’avidité et le crime et toutes les autres faiblesses humaines les plus répandues. L’individualisme est simplement utilisé comme un vecteur de la politique destructrice Diviser pour régner. Nous avons déjà expliqué en détail que l’espèce humaine tout particulièrement dépend entièrement d’un contexte social créatif qui fait encore défaut. Seules des interrelations sociales mutuellement satisfaisantes sont susceptibles de garantir la survie d’une union créative des individus, la "tribu humaine globale". Pourquoi ne pas tenter d’examiner des modes de vie alternatifs courageux déjà mis en oeuvre dans l’Histoire et qui dépassent les carcans mentaux du fruit du patriarcat baptisé "modernité" ? Grâce à une communication ouverte, le libre échange d’information soutient et fait perdurer cet esprit (d’amour) unifiant et fortifiant ; si et lorsque, par affirmation mentale, cet esprit est autorisé à émerger et à se traduire par un comportement et des actions adéquats. Les chaskis, les messagers de l’empire Tawantinsuyu, remplissaient le rôle de l’Internet aujourd’hui, sans ses conséquences écologiques fatales néanmoins. À cette époque, l’économie était gouvernée à la fois par les conditions naturelles et les besoins des populations. La technologie tirait profit de la nature comme de l’intelligence humaine, en veillant toujours à respecter les équilibres des forces réciproques complémentaires. Ce qu’il fut possible de faire autrefois apparaît comme une nécessité aujourd'hui. C’est précisément ce réveil incontestable qui reste obscur pour les systèmes dominants, à savoir la compréhension des interrelations, la tradition de la transmission du savoir par la culture et les réactions adéquates aux changements indispensables qui garantissent la réussite au profit de tous. Les lois ou autres instruments de pouvoir ne sont pas nécessaires dans les sociétés qui s’organisent de manière confédérative et égalitaire. Les ressources communes sont une évidence. "Minka" (communion) devient l’expression de la vie par excellence. La vie devient autonome et sûre dans un espace créatif.
Déclaration finale pour le chemin à parcourir :
Notes: 1)
- Patriarchy
as Negation of Matriarchy - The Perspective of a Delusion
-, (Le patriarcat comme négation du matriarcat - La perspective d’une illusion), Claudia
von Werlhof
Voir également :
12) - Qhapaq
Ñan: The Inka Path of Wisdom,
(Qhapaq Ñan : le chemin inca de la sagesse), Javier Lajo, Amaro Runa Ediciones Lima, 2003
Une compréhension positive de ces relations dans leur contexte circulaire et des effets de réaction entraîne quelque chose de l’ordre d’une révolte démocratique Democratic
Revolt qui met alors en oeuvre les vertus élémentaires de non-violence et d’empathie par le biais de démocraties populaires communautaires dans une convivialité acratique globale. Les approches qui visent cet objectif sont les suivantes : la sociocratie - Sociocracy
recherche des modes d’organisation qui garantissent des ordres sociaux ascendants. Simpol
cherche à créer une passerelle entre le statu quo et une situation socio-politique qui représenterait des sociétés aux comportements plus justes et plus responsables, qui ne mettraient pas en danger nos chances d’établir la paix et un bien-être collectif. Acorn
est une communauté américaine basée sur la sagesse populaire et qui cherche à faire bouger les choses. La rotation sociale harmonieuse, Harmonic Social Rotation est une approche différente de l’organisation de l’administration sociale, dynamique et stabilisante à la fois, qui équilibre la tendance traditionnelle des sociétés humaines à se cristalliser dans des formes qui, en raison de leur inertie forcée, ne parviennent pas à satisfaire les exigences toujours différentes de la réalité, et qui par conséquent se déstabilisent régulièrement de manière tragique, jusqu’à mourir définitivement. Just Stop! recommande la méthode de Gandhi : la coopération non violente : Nonviolent Noncooperation avec tout ce qui n’est pas durable. related links: Building a better world through wisdom and understanding
http://emanzipationhumanum.de/french/humanisation_fr.html |
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